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Une existence trop courte pour grandir...

      Pour diverses raisons, un des administrateurs de TerroT est littéralement débarqué de l'entreprise par les actionnaires en 1946. Georges Grenier de la Tour, ayant pourtant soutenu Padovani lorsqu'il était encore chez TerroT, va oeuvrer à une basse vengeance contre la marque dijonaise et ses actionnaires en 1950.

Parvenu à la tête de Motobécane, il va faire pression sur le syndicat des constructeurs français afin que les compétitions en 100cc et 125cc soient interdites au titre qu'il ne faudrait pas que l'augmentation de la puissance de ces machines (100cc en particulier, une catégorie très populaire dans le Sud) en courses de vitesse (pas en régularité) n'amène l'Etat à imposer un permis de conduire.

              En réalité, Motobécane ne dispose pas de machines alors propices à une préparation efficace. Terrible paradoxe lorsque l'on pense aux merveilleuses 125 sportives de la marque de Pantin ou celles de d'autres constructeurs deux décennies plus tard ! La décision est validée et sera appliquée dès le 31 janvier 1951, au grand dam des associations et autres clubs motocyclistes dont les calendriers étaient déjà établis...

              Sortie peu après la livraison de l'ETD, l'ETDR n'aura donc eu qu'une existence fort réduite qui ne permis guère de faire évoluer le modèle.

Malgré diverses tentatives de dérogation de la FFM, il faudra attendre dix ans avant que des courses de vitesse (l'interdiction ne frappant pas les courses de régularité) en 125cc puissent avoir de nouveau lieu en France et ne s'intègrent au championnat du monde, les grandes marques françaises s'étant entre temps écroulées ou désintéressées des 125...

Tout cela explique en grande partie la rareté de l'ETDR.

Triste destin pour la dernière compé-client de Terrot qui est pour ainsi dire l'inventeur du concept en moto...

Sur l'interdiction en course des 125cc voir :

http://www.zseft-zundapp.com/archives/2014/11/20/30986499.html

et

http://zhumoristenouveau.eklablog.com/bol-d-or-1950-les-petites-soupapes-se-rebiffent-a112795798

Petit historique : de l'ETD de série à l'ETDR

TerroT 125, le début de la saga

        En 1932 TerroT sort une 100cc deux temps, le VM. A cette époque les BMA (Bicyclette à Moteur Auxiliaire de moins de 100cc) peuvent être conduites sans aucun permis. Il suffit simplement de payer une taxe annuelle. Au salon d'octobre 1938, Terrot présente la 100cc MTR (2 temps, 3 vitesses), évolution de la 100cc MT apparue en 1936. La MTR est une création d'Edmond Padovani, brillant ingénieur autodidacte entré chez Terrot par la porte du service compétition comme pilote en 1934 puis ingénieur. Après l'arrêt du service course en 1937, Jean Vurpillot, le patron de Terrot, lui confie l'étude d'une BMA 100cc, 3 vitesses devant concurrencer les autres marques de ce segment. La MTR est le fruit de cette mission !

       Durant l'Occupation et à la demande de Jean Vurpillot, Edmond Padovani réalise un 100cc 4 temps, le MTRC (C pour culbutée)produit à deux exemplaires (dont un qui existe toujours !), l'ancêtre direct du fameux 125cc TerroT. C'est justement lors de cette période que la cylindrée maxi des BMA passe de 100cc à 125cc, le 5 juillet 1943.

Au salon de1946, TerroT sort son premier 125cc de série, le modèle se nomme EP (Edmond Padovani, quelques machines seront siglées E47). Comme avant guerre, TerroT adopte une lettre symbolisant la cylindrée de la machine. Toutes les 125 de la marque commencent donc leur nom de type par la lettre E. Plus qu'une BMA, c'est une vraie petite moto, d'ailleurs Terrot dénomme sa gamme 100cc/125cc "Motorettes" autant en référence aux BMA d'avant guerre qu'à l'esprit de ces nouvelles 125cc.

 

Le lettrage désigne à la fois la cylindrée et souvent les caractéristiques du modèle :

EP : E=125 - volant magnétique - la première -1947-fin 1948

ETP : E=125 - T = fourche Télescopique - volant magnétique - 1948-1949

ETPC : E=125 - T =Télescopique - C =Cloison moteur (graissage séparé de la boite et du carter d'embiellage) - volant magnétique - 1948-1949

ETD : E=125 - T=Télescopique - D=Dynamo et batterie - Fin 1949-1954

ETM : E=125 - T= Télescopique mais sans hydraulique- M=volant Magnétique - 1953-Fin 1956

ETDS : E=125 - T=Télescopique - D=Dynamo et batterie - S=Suspension arrière

EDLS : Fleuron

EL : Tenace

ET : Tenor

...

Donc, pour l'ETDR c'est facile ?!

ETDR : E=125 - T=fourche Télescopique (hydraulique) -D=Dynamo NON ! ( faux ami, c'est un allumage par magnéto suspendue la tête en bas commandée par un couple conique en bout de vilebrequin !) - R=Rapide (nous y reviendrons !)

=> milieu 1950 à, peut être, autour de mars/avril 1951

L'ETDR, Compé-client ou simple outils publicitaire ?

          Au salon d'octobre 1949 sort l'ETD, équipée d'une dynamo en bout de vilebrequin et d'une batterie, elle offre un éclairage "efficace" et constant que ne peuvent proposer les autres machines équipées de volant magnétique. De plus, son système d'allumage lui permet le luxe d'un contacteur par clef censé faire office d'antivol, détail assez inédit sur une moto de l'époque. Cette 125 qui fut très populaire marque la maturité des premiers modèles. En 1950, 2000 125 sortent chaque mois de l'usine du 2 rue André Colomban de Dijon et 30 000 sont déjà en circulation. C'est un succès commercial, dont la maison dijonnaise devient dépendante.

Face aux succès de quelques particuliers (comme Eugène Pillot) les années précédentes sur la petite dijonaise, Samuel Renaud ( directeur général de l'usine après le débarquement de Georges Grenier de la Tour en 1946, passé chez Motobécane) pense à une version course.

De son côté, Jean Nougier, concessionaire Citroën à Saint Andiol (Bouches du Rhônes), en est déjà, fin 1949, à l'étude de sa deuxième version course de la 125 Terrot, dont une à double act. En toute logique, d'autant que les machines de Nougier permettent à Magnat Debon/Terrot depuis le milieu des années 30 de beaux palmarès... Samuel Renaud demande au "sorcier de Saint Andiol" d'étudier une 125 compé-client. Il en résulte une superbe machine culbutée, à ressorts en épingle, rapports rapprochés, volant moteur extérieur sous carter ETD modifié couvrant également une magnéto entrainée par chaine positionnée en avant du bloc, radiateur d'huile, pompe à huile de plus grande capacité.... Le cadre est un double berceau équipé d'un réservoir de RGST fabriqué en Dural par l'usine Terrot ! Au dire de Jean Nougier lui même "C'était une vraie petite bombe [...] en première et en seconde la roue avant quittait le sol !" (propos rapportés par F-M Dumas dans Motos Nougier).

Jugée trop chère et peut être aussi trop éloignée de la machine de série par Samuel Renaud, malgré une deuxième version qui donnait 120km/h à 8000 tr/min, Terrot développe son propre modèle entièrement conçu maison et lance une toute petite production (probablement une petite dizaine au dire de Claire Blaise) d'une machine ayant l'allure de l'ETD mais cachant des caractérisques fort différentes : L'ETDR

         Cette 125 de course entièrement conçue par Terrot échappe aux catalogues et semble n'avoir été destinée qu'aux concessionnaires de la marque ainsi qu'à quelques particuliers s'étant fait connaitre les années précédentes sur leur propre 125 Terrot sans compter quelques grands noms courant pour la marque dijonnaise de temps à autre comme le célèbre pilote Jean Behra. Parallèlement à l'ETDR, selon plusieurs spécialistes de la marque, il aurait existé un petit guide, destiné aux concessionnaires , visant au gonflage de l'ETD. Ce dernier point explique probablement la (relative) profusion de pistons Borgo bombés de type ETDR, en particulier en 51,97mm, première côte des 125 de série. Mais comment expliquer la rareté des vilbrequins ou des carters spécifiques supportant la magnéto ?

 

Pour le détail sur d'autres modèles voir sur les sites Mémoire Terro-Dijon et TerroT&Magnat Debon :

http://terrot.dijon.free.fr/FichesMemo.htmlhttp://www.terrot.org/musee_terrot/index125.php

Palmarès de l'année 1950.

Extrait du prospectus de la

gamme de 1951.

Photo de Jean Behra

peut-être prise à Cannes

le 13/08/50.

(Source : Archives du TCP)

Quel était l'objectif de Terrot en produisant l'ETDR ?

Une réponse s'impose : C'est difficile à dire ... !

- S'agit-il d'un moyen de promotion de l'ETD car les palmarès figurant sur les prospectus publicitaires ou catalogues de l'époque ne précisent jamais si la machine fut préparée mais simplement la cylindrée. Par ailleurs, ces palmarès comprennent assez souvent les machines des frères Nougier, siglées Magnat-Debon. Ces dernières son identifiables sur les classements grâce à leurs pilotes réguliers en particulier Schaad, Vidal et Onda.

- Face à son succès commercial, Terrot envisageait-il alors un retour en compétition de manière officielle (ce que de très rares constructeurs français osent alors, comme Guiller ou Ydral) dans une catégorie à la fois populaire et, a priori, moins féroce dans le cadre des compétitions locales très nombreuses ? Il ne faut pas oublier d'ailleurs que la 125 Terrot est l'enfant chéri d'Edmond Padovani entré à la maison dijonnaise par la compétition...

Toujours est-il qu'à ce jour, faute de sources, personne n'est en mesure de dire comment se fit la distribution du modèle ou quels en furent les chiffres de production. Produite seulement quelques mois (peut-être début/milieu 1950 à fin janvier/début février 1951), dans l'ensemble les spécialistes de la marque s'accordent à dire qu'il ne resterai plus aujourd'hui que 6 ETDR authentiques (dont une reconstruction) et 6 moteurs seuls (dont deux neufs jamais assemblés et auxquels il manque la platine spécifique supportant la magnéto).

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